Le pianiste aux 50 doigts, au Théâtre Montparnasse
jeudi 5 octobre 2023

Le pianiste aux 50 doigts, au Théâtre Montparnasse

« Le pianiste aux cinquante doigts » Pascal Amoyel (photo B. Barda)

Au moment d’entrer sur scène, Pascal Amoyel, retrouve une lettre dans une enveloppe adressée au 16, rue Ampère. C’est l’adresse à laquelle Cziffra puis Amoyel, comme un clin d’œil du destin, habitèrent. L’interprète replonge alors dans le souvenir de ses premières rencontres avec le Maître dont il devint, très jeune, l’un des rares élèves. Commence ainsi une narration voix et piano où Pascal et Gyorgy fusionnent pour devenir un seul et même homme.

Pascal Amoyel, avec passion, respect, amour et tendresse fait revivre devant nous et avec nous le parcours et la vie extraordinaire de son professeur, devenu légendaire, en nous narrant son histoire, véritable roman traversant tous les tourments du 20ème siècle : de l’enfant né dans les bidonvilles slaves, jouant dans les cirques, au soldat évadé ou au pianiste de jazz qui enchantait les nuits de Budapest, à ce prisonnier dans les goulags jusqu’à ce professeur rue Ampère, qui est charmé par ce jeune élève et accepte de le prendre sous son aile, malgré son âge et ses doigts déformés par le camp de travail.

Le public est d’abord abasourdi par la vie foisonnante de G Cziffra, puis ébahi par la spontanéité, le talent, la joie d’interpréter un vibrant hommage à son mentor, de Pascal Amoyel. Tout est juste, tendre, amené sans pathos, splendide, bouleversant, inventif jusque dans les moindres détails : le bruit d’une locomotive ou les instruments des clowns de cirque créés dans les cordes du piano. Les jeux de lumière soulignent (et avec quelle justesse) le propos. Le public est transporté par la maîtrise de Pascal Amoyel, son art de nous faire passer du rire à l’émotion et de l’émotion au rire pour nous faire mieux connaître, à l’anniversaire des trente ans de son décès, Gyorgy Cziffra, l’un des plus grands pianistes du 20ème siècle dont les concerts faisaient délirer les foules. Ses dons étaient tellement inconcevables qu’ils lui valurent les surnoms de « réincarnation de Franz Liszt », « interprète aux moyens paranormaux » et bien sûr « pianiste aux cinquante doigts ». Spectacle intimiste, brillant, superbe, sublime, extraordinaire où Pascal Amoyel adapte avec talent, maestria et passion, cette vie incroyable et bouleversante. Une heure et demi de pur bonheur.

Françoise Mésange
5 octobre 2023

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.