La Petite mariée

La Petite mariée

Charles Lecocq (1832-1918)

 

Pendant sept ans, Jeanne Granier fut, à la Renaissance, l’interprète féminine favorite de Lecocq. C’est dans Giroflé-Girofla, du même compositeur qu’elle connut la célébrité en 1874, un an et demi avant La Petite Mariée, écrite, bien entendu, spécialement pour elle. Elle incarnait à ravir, comme dans Giroflé-Girofla, un nouveau type de jeune fille (ici Graziella), différente des héroïnes d’Offenbach, fraîche, un peu naïve, jolie, touchante parfois et qui sait le mieux du monde tirer son épingle du jeu.
À côté de Jeanne Granier, Alphonsine (Lucrezia), le baryton Vauthier (le Podestat), le ténor Puget, très à l’aise vocalement dans San Carlo et Dailly, contribuèrent au succès de La Petite Mariée qui se prolongea pendant 212 représentations.

Pour la reprise de 1877, Jeanne Granier, souffrante fut remplacée par Jane Hading, récente créatrice du Grand Mogol à Marseille. Son jeu ne valait pas celui de la créatrice, mais elle était très jolie et possédait une voix agréable. Elle obtint un grand succès.

La Petite Mariée fut encore reprise à Paris en 1880, 1887, 1908, 1909 et 1921 sur la scène du jeune théâtre Mogador avec quelques « pointures » de l’époque : Mlle Mathieu-Lutz (Graziella), Jane Ader (Théobaldo), Thérèse Cernay (Lucrezia), Jean Périer (le Podestat), Vibert (Montefiasco), Adrien Lamy (San Carlo) et Gilbert Moryn (Beppo).

La Petite Mariée a depuis longtemps été abandonnée par les scènes françaises. Le Théâtre de l’Odéon de Marseille l’a faite revivre pour 2 représentations (hélas, sans suite sur d’autres scènes…) en 2002.

L’argument

En Italie, au XVI° siècle.

Acte I :
Une cour d’auberge dans un petit village à quelques lieues de Bergame.

Le Podestat de Bergame a surpris son favori, le jeune San Carlo, dans les bras de son épouse, aujourd’hui décédée. Magnanime, Son Altesse a pardonné, mais en se promettant bien d’appliquer au jeune homme la loi du talion dès qu’il serait marié.
L’action débute quelques années plus tard, le jour où San Carlo s’apprête à épouser Graziella, la fille de Casteldémoli, un riche gentilhomme. Prudent, le jeune homme fait croire au Podestat qu’il s’est retiré à la campagne pour soigner une grave maladie. Pour faire plus vraisemblable, il lui adresse des bulletins de santé de plus en plus alarmants. San Carlo trouve en Montefiasco, à qui il sauva jadis la vie, le témoin discret que les circonstances exigent. La situation se complique avec l’arrivée de Lucrezia, l’épouse tumultueuse, autoritaire et jalouse de Montefiasco et celle du Podestat qui vient se rendre compte de l’état du malade.

Son Altesse arrive au moment où les nouveaux époux sortent de l’église. Surprise mais ravie, elle constate la guérison du malade. Pris de court, San Carlo présente Graziella comme la femme de Montefiasco. La petite mariée fait une profonde impression sur le Podestat qui, sur le champ, décide de l’emmener à la Cour, accompagnée de son époux et de son père.

Acte II :
Le parc du Palais du Podestat à Bergame.

Casteldémoli est nommé Grand Chambellan, Montefiasco, capitaine des pages et Graziella, lectrice du Podestat. Inquiet, très inquiet, San Carlo, cherche le moyen de sortir à son avantage de cette délicate situation. Lucrezia arrive furieuse, mais se calme après avoir reçu les explications de son époux. Elle tombe même dans ses bras sous l’œil intéressé du Podestat qui voit là le moyen de faire avancer ses propres affaires. Il raconte ses espoirs à ce pauvre San Carlo qui ne voit d’autre moyen que de s’enfuir avec Graziella. Mais les fugitifs sont repris et force est d’avouer la vérité au Podestat qui n’en espérait pas tant.

Acte III :
Un vestibule du Palais.

Pour commencer, Son Altesse fait enfermer San Carlo. Il reste seul avec Graziella. La petite mariée est si candide que dans le Podestat, brave homme dans le fond, n’a pas le courage de tirer avantage de la situation. Il est d’autant plus enclin à pardonner qu’il apprend que San Carlo n’est pas le seul à avoir bénéficié des faveurs de sa défunte épouse. Il fait quelque peu souffrir San Carlo en laissant planer un doute sur la vertu de sa femme, puis finit par le rassurer. Les deux époux peuvent désormais s’aimer au grand jour.

 — La partition

Acte I : Ouverture ; Ensemble « Buvons le coup de l’étrier » ; « Partis, ils sont partis » (San Carlo) et ensemble ; Duo « La mariée est-elle belle ? », « Aimons tout bas » (Graziella et San Carlo) ; « Si vous n’aviez pas été si gentille » (San Carlo, Graziella, Casteldémoli) ; Ensemble « Voici l’instant et le moment » ; « Mon amour, mon idole » (Lucrezia) ; « Le jour où tu te marieras » (Le Podestat) ; Final I « Vive notre bon Podestat ».

Acte II : Ensemble et Théobaldo « C’est une solide épée » ; « Le jour, vois-tu bien » (San Carlo et Graziella) ; « Ah ! j’enrage » (Lucrezia et Montefiasco) ; Duo « Le rossignol chantait » (Le Podestat et Graziella) ; « C’est un mari qui se sauve avec sa femme » (Graziella et San Carlo) ; Final II « A la petite mariée ».

Acte III : « Ta femme est charmante » (Le Podestat) ; « Tu pleures, Graziella » (Graziella et San Carlo) ; Final III « Enfin mon bonheur est complet ».

— Fiche tecnique

La Petite mariée
Opéra bouffe en 3 actes d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Charles Lecocq.
Création à Paris, théâtre de la Renaissance, le 21 décembre 1875. Avec :
Jeanne Granier (Graziella), Alphonsine (Lucrezia), Panseron (Théobaldo), Blanche Miroir (Béatrix), Vauthier (le Podestat), F. Puget (San Carlo), Dailly (Montefiasco), Caliste (Casteldémoli), Paul Albert (Beppo)
Editions Chappell

Discographie

Des extraits de  La Petite Mariée  (30mn) ont été gravés à la fin du double CD  Le Cœur et la Main  (Musidisc 201962). Ils réunissaient Lucien Lovano, Michel Hamel, Huguette Boulangeot. Direction musicale, Roger Ellis.

Une autre version de l’ORTF, non gravée, réunissait : Monique Stiot, Denise Benoit, Nicole Briard, Albert Voli, Dominique Tirmont, Gaston Rey, Joseph Peyron, René Lénoty. Dir. Georges Tzipine (1967)

Raymond Amade, Daniel Marty, Albert Voli, Gérard Quenez, Françoise Doué, Catherine Etcheverry, Christos Grigoriou, Roger Rivoalland, Liliane Chatel
RTF 1963

Références 

Vous retrouverez La Petite mariée dans « Opérette » n° 90, 123 & 163. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 01/03/2024

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