La Chauve-Souris, Enghien
mardi 10 décembre 2024

La Chauve-Souris, Enghien

Jean-Noël Ferrel et Fanny Crouet (© Philippe Pocidalo)

Le Renouveau Lyrique et son directeur Emmanuel Marfoglia ont présenté à Enghien l’opérette la plus célèbre de Johann Strauss fils, La Chauve-souris.

Créée en 1874 à Vienne, le succès est d’abord hésitant à cause du contexte économique mais, après son triomphe à Berlin, l’ouvrage fera le tour du monde et est aujourd’hui repris sans cesse dans tous les opéras et théâtres musicaux, soit en version originale, soit traduit dans la langue du pays.
Notons, parmi les diverses adaptations de l’œuvre, l’ajout possible au second acte, situé dans la demeure Prince Orlofsky, d’un divertissement chanté par des vedettes invitées. De plus, le ballet voit sa partition pourtant signée par Strauss lui-même, souvent remplacée par des morceaux orchestraux plus connus, choix laissé à la fantaisie du metteur en scène.
Dans cet ouvrage, toutes les extravagances sont parfois permises ; on a même pu entendre du Gershwin dans une légendaire production dirigée par Karajan en 1960 !

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(© Philippe Pocidalo)

Le livret allemand de Carl Haffner et Richard Genée est inspiré d’ un vaudeville de Meilhac et Halévy, intitulé Le Réveillon mais la première version française de l’ouvrage (30 octobre 1877 au Théâtre de la Renaissance) s’en éloignait fortement pour éviter un procès intenté par les deux auteurs français. Un nouveau livret, rebaptisé La Tzigane, fut complètement réécrit par Alfred Delacourt et Victor Wilner et la partition remaniée par Johann Strauss avec des ajouts de Cagliostro, composée entre-temps. Brillamment créé par Zulma Bouffar l’ouvrage ne connut cependant que 80 représentations et ne fut jamais repris.

Il faudra attendre jusqu’en 1904, le 22 avril, pour découvrir aux Variétés la version originale, ou presque, de la Chauve-Souris, dans l’adaptation française de Paul Ferrier qui, mêlant complots, quiproquos, mensonges et adultères, met en scène un véritable pamphlet se moquant des turpitudes de la France bourgeoise de la IIIème République.

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(© Philippe Pocidalo)

C’est cette version française, mais avec les moyens du bord, qui a été présentée à Enghien pour nous divertir et nous faire passer un agréable moment. Le Renouveau Lyrique respecte et favorise l’esprit de troupe : travailler vite et au mieux semble être la devise que ces professionnels du chant et de la danse. La mise en scène demeure assurée par Emmanuel Marfoglia, défenseur inconditionnel de l’opérette, et les décors réalistes, les costumes soignés ainsi que de jolies lumières mettent en éclat un parfait plateau vocal.

Nous retrouvons ainsi la fidèle et combien talentueuse Fanny Crouet (Adèle), parfaitement à l’aise dans le répertoire viennois, ainsi que la solide Laure Crumière qui campe une pétillante Caroline. Entourées par les espiègles et maniganciers maris et amants, Philippe Padovani (Duparquet) ,Christophe Belliveau (Gaillardin) et Mathieu Sempéré (Alfred), sans oublier le Prince (Thomas Marfoglia), ces chanteuses nous donnent une jolie leçon de chant et de comédie.

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(© Philippe Pocidalo)

Franck Gouffran et Jean-Noël Ferrel occupent avec aisance différents emplois. Le ballet de Martine Cot et la présence indéfectible du chef Louis-Vincent Bruère (atouts de ces représentations ) ont mérité, avec tous les autres artistes, l’accueil chaleureux du public de ce froid après-midi d’hiver.

Prochaine escale à Troyes le 22 décembre, puis retour à Enghien les 1er, 3 et 8 avril avec Quatre jours à Paris de Francis Lopez.

Philippe Pocidalo
10 décembre 2024

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