Paris accueille enfin avec faste la comédie musicale de Jerry Herman, La Cage aux folles, d’après la pièce de Jean Poiret.
Jerry Herman, compositeur et parolier, connaît le succès avec Hello Dolly ! en 1964 et triomphe de nouveau près de vingt ans après avec ce nouveau titre. Épaulé pour le livret par Harvey Fierstein, ils deviennent tous deux d’ardents défenseurs des droits des minorités LGBT, menant ainsi un combat pour que la différence ne tombe pas dans l’indifférence.
Couronné de 6 Tony Awards, le spectacle fera la conquête des plus prestigieux théâtres du monde entier. Exception à la règle, le spectacle monté à Paris en 1999, à Mogador (mis en scène par Alain Marcel) ne connut pas le succès escompté et dut s’interrompre après seulement quelques représentations pour des raisons artistiques et surtout financières.

Olivier Py s’attaque aujourd’hui à l’ouvrage en le mettant en lumière sous un regard nouveau : il nous propose une traduction nouvelle et le réinscrit dans son contexte, celui du cabaret.
Néanmoins, plus de quarante ans après sa création, La Cage aux folles demeure éminemment politique.
Notre avis sur la représentation du 10 décembre
Voilà du beau et grand spectacle ! Les plumes, Le strass et les claquettes sont à l’honneur. Le Châtelet qui a accueilli tant de prestigieuses productions par le passé renoue avec la tradition, en nous offrant ce musical, véritable cadeau déposé par le Père Noël.
Pari réussi en effet : Olivier Py dans sa transposition contemporaine du sujet a su (tout en gardant la substance de l’œuvre originale de Jean Poiret) renouveler intelligemment le propos engagé qu’il véhicule.

L’intrigue boulevardière qui nous a fait tellement rire, tant au théâtre qu’au cinéma, reste intacte. L’organisation d’un dîner de présentation du fils du compagnon d’Albin (Georges) s’avère délicat lorsqu’il s’agit de gommer toutes traces d’une vie dissolue que les parents de la jeune fille sont loin de soupçonner. La supercherie sera vite découverte et les quiproquos s’enchaîneront dans un délire digne du meilleur scénario d’un film des Marx Brothers.
Les décors tantôt carton pâte pour les scènes intimistes, tantôt spectaculaires (somptueux escalier superbement éclairé et digne des Folies-Bergère) abritent une galerie de personnages qui, du plus petit rôle jusqu’aux protagonistes centraux, se révèlent d’une grande justesse.
Chant, danse et comédie sont réunis, atouts dignes d’un show que Broadway ne renierait pas.

Le couple formé par Albin-Zaza et Georges fonctionne à merveille ; ils sont drôles, émouvants et ne surjouent jamais. Nous savions que Laurent Lafitte était un comédien hors pair Il faut le voir ici sanglé de tenues moulantes dignes de celles de Mae West ! Nous sommes loin des personnages de Cyrano ou de Don Juan encore gravés dans nos mémoires.
Nous retrouvons de même avec plaisir Damien Bigourdan qui nous avait séduit récemment dans La Petite boutique des horreurs à l’Opéra-Comique. Authentiques, ils ne tombent jamais dans les pièges de l’excès grâce à la justesse de la direction d’acteurs d’Olivier Py, qui a su rester vigilant sur ce point.
La distribution parfaitement choisie et équilibrée parmi laquelle on retrouve l’irrésistible couple Dindon (Émeline Bayart et Gilles Vajou) révèle également le jeune Harold Simon (Jean-Michel) qui interprète avec tact le rôle du fils.

Le public ovationne ce spectacle réglé au cordeau et qui promet de se trouver au centre de futures récompenses (Molières ou Trophées) au cours des prochains rendez-vous de 2026 !
Les numéros chantés : C’est ma vie – L’intro de Zaza – Un peu plus de mascara – Mascara reprise – Quand elle est avec moi – Quand tu es dans mes bras – Nos pas dans le sable – La Cage aux folles – J’ai le droit d’être moi – Reprise Nos pas sur le sable – Prends ta biscotte – Cet amour-là – Le cocktail – On ne vit qu’une fois – Reprise Cet amour-là – Au revoir ! – Final
Philippe Pocidalo
10 décembre 2025

La Cage aux folles (Jerry Herman)
Musique et paroles : Jerry Herman – Livret : Harvey Fierstein d’après la pièce La Cage aux folles de Jean Poiret – Traduction française et mise en scène : Olivier Py – Direction musicale : Christophe Grapperon / Stéphane Petitjean – Décors et costumes : Pierre-André Weitz – Chorégraphie : Ivo Bauchiero – Chorégraphie-claquettes : Aurélien Lehmann – Lumières : Bertrand Killy – Sound design : Unisson Design.
Distribution :
Albin / Zaza : Laurent Lafitte – Georges : Damien Bigourdan – Jacob : Émeric Payet – Jean-Michel : Harold Simon – Édouard Dindon : Gilles Vajou – Francis : Edouard Thiébaut.
Marie Dindon : Émeline Bayart – Jacqueline : Lara Neumann – Anne : Maé-Lingh Nguyen.
Orchestre : Les Frivolités Parisiennes.






