La Compagnie Fortunio revient cette année avec encore une rareté mise en scène par son fondateur, Geoffroy Bertran, La Botte secrète, opérette-bouffe en un acte de Claude Terrasse et Franc-Nohain.
L’ouvrage, aujourd’hui peu joué (quelques représentations chez Savary et par la Compagnie des Brigands), nous rappelle que Terrasse fut à juste titre désigné comme le digne successeur d’Offenbach. Ses heures de gloire se situent entre les année 1900 et 1914 durant lesquelles il brilla sur les scènes en écrivant des ouvrages comme Les Travaux d’Hercule, Le Sire de Vergy ou Monsieur de La Palisse (voir article Terrasse page suivante).
Parmi les librettistes de Claude Terrasse, sa collaboration avec Franc-Nohain sera étroite ; ils écriront ensemble plusieurs ouvrages dont La Fiancée du scaphandrier et, en 1903, cette Botte secrète.
L’argument léger et les quiproquos autour de l’achat d’un magasin de chaussures au bord de la faillite ainsi que les désirs et les fantasmes amoureux des personnages n’ont en fait pas vraiment d’importance dans ce véritable bijou de salon façon Labiche ou Feydeau. Les couplets sont joliment troussés et le jeu parodique des cinq artistes, autant à l’aise dans la comédie que dans le chant, semble véritablement coller à l’esprit de la Belle époque.
Tout d’abord Marina Ruiz, soprano déjà applaudie les saisons passées dans cette Compagnie dans Là-haut ! et dans Gillette de Narbonne, est uneartiste complète qui nous séduit dans son rôle de Princesse (d’opérette, il va s’en dire), auprès de son Prince, (lui aussi d’opérette), incarné par Geoffroy Bertran, par ailleurs chargé de la mise en scène. Ils sont tous deux affublés d’improbables costumes de satin venus, semble-t-il, du conte de Peau d’âne !
La distribution est complétée par trois autres ténors : Xavier Meyrand, Brice Poulot Derache et Joël Roessel, des habitués de la Compagnie.
La complicité évidente de ces artistes apporte un atout supplémentaire au spectacle mené tambour battant et où l’on s’amuse beaucoup. Nous passons ainsi une petite heure rafraîchissante, sans autre prétention que celle de nous divertir et nous faire entendre des airs charmants, savamment accompagnés par Romain Vaille, talentueux pianiste .
Compte-rendu de l’avant-première avant les représentations des 13 et 14 octobre suivants.
Philippe Pocidalo
8 octobre 2023