dans la production de Bernard Pisani pour la troisième fois en 9 ans
En ces temps de « raréfaction » de l’opérette en France et de restriction de durée dans le temps d’une production, la Belle Hélène mise en scène par Bernard Pisani constitue un cas singulier.
Créée en décembre 2007 à l’Opéra de Saint Étienne, en coproduction avec l’Opéra de Metz, elle n’a cessé d’être représentée depuis près de deux décennies avec des distributions différentes et avec un succès constant – une sorte de record dans le genre ! – La liste figure en annexe du présent article1

Que de souvenirs sont attachés à cette Belle Hélène ! Et que d’hommages à rendre à ses concepteurs et artistes dont certains s’en sont allés depuis lors : Jean-Louis Pichon l’emblématique directeur de l’Opéra de Saint Étienne, Frédéric Pineau exceptionnel créateur des costumes, Jacques Chatelet pour les lumières et la belle Maryline Fallot (la première a avoir chanté le rôle-titre dans la production stéphanoise) disparue prématurément a 48 ans en 2014. Une pensée émue pour eux.
Dans une interview Bernard Pisani souligne qu’il avait entendu faire pour cette Belle Hélène une « mise en scène pétillante pleine d’humour doté d’un certain faste, proche de la comédie musicale dans un écrin digne de l’héroïne considérée comme la plus belle femme du monde ».
Propos pertinents d’un homme de théâtre qui connaît et maîtrise son métier comme peu et pour qui l’œuvre d’Offenbach est une longue compagne de voyage, laquelle fait de sa direction d’acteurs (et de sa chorégraphie) un modèle d’élégance et de précision.
On a retrouvé ce qui constitue en outre tout le prix de cette production : le décor de marbre blanc d’Eric Chevalier, ainsi que les costumes de Fréderic Pineau aussi somptueux que marqués d’une fantaisie de bon aloi évoquant l’esthétisme raffiné et voluptueux de la Grèce antique. On admire à nouveau la vivacité et la précision de la baguette de Didier Benetti à laquelle répond avec enthousiasme l’orchestre de l’Opéra de Marseille ainsi que l’excellent Chœur Phocéen.

D’un point de vue musical, la version proposée est celle de l’édition révisée par Jean-Christophe Keck comprenant notamment le jeu de l’oie, pendant longtemps ignoré, le duo du rêve intégral ainsi que l’air de Pâris qui le précède : « Je la vois, elle dort… ».
Laurence Janot incarne une sculpturale et hiératique Reine de Sparte qui, outre son superbe abattage, pare le rôle d’Hélène de multiples attraits sur le plan du théâtre servant en outre à merveille la partition d’Offenbach.
Nanti du physique adéquat, Matthieu Justine, en Pâris, mêle aplomb scénique et aisance vocale.
Marc Barrard, de sa solide voix de baryton rompu aux emplois de premiers plans lyriques, offre un Agamemnon percutant.
Déjà Agamemnon et Achille dans cette même production – mais en d’autres temps et lieux – Philippe Ermelier met toute sa truculence au service d’un Calchas irrésistible.

Le métier éprouvé et l’indéniable talent de Jean-Claude Calon lui permettent de dessiner un Ménélas aussi hilarant que pittoresque dans un emploi plus difficile qu’il n’y parait. Un luxe que celui de pouvoir employer – après sa prestation exceptionnelle de Joquelet dans Le Grand Mogol – Frédéric Cornille en Achille percutant.
Quel plaisir que celui du virevoltant et sonore Oreste d’Alfred Bironien ! Joris Conquet et Philippe Béranger ne sont pas en reste dans l’humour piquant des deux Ajax, sans oublier Antoine Bonelli en Philocôme et le trio féminin de charme formée par Perrine Cabassud (Parthénis), Sabrina Kilouli (Léœna) et Carole Clin ( Bacchis).
On jouait à guichets fermés à l’Odéon : un sujet de satisfaction de voir un public aussi nombreux manifestant son enthousiasme par de nombreux rappels
Christian Jarniat
23 février 2025
La Belle Hélène (Offenbach)
Direction musicale : Didier Benetti – Mise en scène et chorégraphie : Bernard Pisani – Décors : Eric Chevalier – Costumes : Frédéric Pineau – Lumières : Jacques Chatelet
Distribution :
Laurence Janot Hélène – Carole Clin (Bacchis) – Perrine Cabassud (Parthénis) – Sabrina Kilouli (Léœna)
Matthieu Justine (Pâris) – Jean-Claude Calon (Ménélas) – Marc Barrard (Agamemnon) – Philippe Ermelier (Calchas) – Alfred Bironien (Oreste) – Frédéric Cornille (Achille) – Joris Conquet (Ajax I) – Philippe Béranger (Ajax II) – Antoine Bonelli (Philocôme)
Et les danseurs : Chloé, Liya, Grégoir et Guillaume
Chœur Phocéen – Orchestre de l’Opéra de Marseille
1) Précédentes production de La Belle Hélène par Bernard Pisani
Décembre 2007 :Opéra de Saint Étienne : Maryline Fallot et Eric Laporte
Février 2008 : Opéra de Metz : Isabelle Cals et Nicolas Gambotti
Mai 2008 : Opéra d’Avignon : Patricia Fernandez et Florian Laconi
Décembre 2012 : Capitole de Toulouse : Gaelle Arquez et Antonio Figueroa
Mai 2014 : Opéra de Reims : Maryline Fallot et Marc Larcher
Décembre 2014 : Opéra de Toulon : Karine Deshayes et Cyrille Dubois
Décembre 2015 : Opéra de Tours : Karine Deshayes et Antonio Figueroa
Octobre 2016 : Odéon de Marseille: Laurence Janot et Kevin Amiel
Février 2017 : Capitole de Toulouse : Gaelle Arquez et Antonio Figueroa
Septembre 2017 : Opéra de Nice : Pauline Sabatier et Jérémy Duffau
Octobre 2020 : Odéon de Marseille : Laurence Janot et Jérémy Duffau
Octobre 2025 : Odéon de Marseille : Laurence Janot et Matthieu Justine