Elles sont deux artistes, deux amies, intensément complices dans leur féminisme. L’une est pianiste, l’autre chanteuse lyrique, et elles commentent avec colère et tristesse le sort réservé aux femmes par la société ; et que dire de l’opéra ? Les femmes n’y ont pas toujours le beau rôle et, de plus, pour elles, cela finit souvent mal : on ne compte plus les morts violentes, les suicides, les cas de consomption avec ou sans empoisonnement et autres évènements tragiques. Lucile et Camille constatent que cela va plutôt mieux pour les ténors dont la plupart, jeunes et fringants, vivent de merveilleuses histoires d’amour… souvent sans suite – voir ci-dessus !
Donc, un seul combat à mener : sortir de cette dichotomie des rôles et des voix. C’est ainsi que Lucile, la chanteuse lyrique, se décide à franchir le pas et à s’élancer dans le répertoire de ténor. S’élancer est le bon mot car, fort bien accompagnée par la pianiste Camille, qui lui donne également la réplique sur un texte joyeusement impertinent, elle se livre à une performance éblouissante, tant scénique que vocale, en enchaînant avec virtuosité les airs « pour ténor » parfaitement interprétés. Cette artiste a un réel talent et sa voix est d’une qualité que ne dément pas son habilité scénique ; bondissante dans le rôle d’Oreste, elle reprend à peine son souffle pour nous offrir un Nessum Dorma de grande classe, qui termine brillamment cette heure de concert qu’on aurait aimé prolonger.
Spectacle écrit et interprété par Lucile Graziella et Camille De Santis
Mise en scène : Thibaut Marion
Coaching vocal : Stella Siecinsk
Après la pause estivale, reprise du jeudi au samedi à 19h du 29 août au 28 septembre toujours au Théâtre de l’Essaïon.
Christiane Izel
6 juillet 2024
