Londres célèbre les 60 ans de la création de la comédie musicale Hello, Dolly ! et cela avant Paris qui, en novembre prochain, accueillera une nouvelle production au Lido2. Caroline O’Connor sera la vedette de ce spectacle attendu pour les fêtes de fin d’année.
En 1964, Carol Channing ouvrit la voie à un impressionnant nombre d’artistes féminines qui eurent le privilège d’incarner la célèbre marieuse. D’Ethel Merman à Pearl Bailey, en passant par Ginger Rogers ou plus récemment Bette Milder, elle franchira allègrement l’atlantique pour se retrouver un an plus tard à Londres sous les traits de Mary Martin. Dora Bryan reprendra le rôle en 1966 toujours au Drury Lane Theater.
Il faudra attendre 1972 pour que la création française voit le jour, avec une Annie Cordy qui connut un succès fracassant.
D’autres interprètes issues de l’opérette ou du music hall se succéderont au fil des saisons : Line May, Arta Verlen, Nicole Croisille, Liliane Montevecchi ou encore Carole Clin et Laurence Janot – pour ne citer que quelques noms.
Nous n’oublions évidemment pas le film de Gene Kelly avec Barbra Streisand, véritable chef d’œuvre du cinéma musical !
L’intrigue est tirée d’un vaudeville écrit par le dramaturge Thornton Wilder, intitulé The Matchmaker. Nous y croisons Dolly Levi, veuve et marieuse de profession, qui usera de mille stratagèmes pour conquérir un riche et grincheux marchand de grains vivant à Yonkers. Ce dernier qui exploite deux commis, Cornélius et Barnaby, leur confie son dessein d’épouser Irène Molloy, une modiste (elle-même veuve) qui vit à New York. Tous les protagonistes se retrouvent à la parade de la 42 ème rue avant d’être réunis au célèbre restaurant Harmonia Gardens où Dolly fait son grand retour. D’heureux hymens se noueront au terme de l’histoire, pour le bonheur de tous !
De magnifiques numéros musicaux, devenus des modèles du genre, ponctuent le spectacle : la leçon de danse, la parade, le retour de Dolly à l’Harmonia Gardens…
La nouvelle production du London Palladium se révèle de premier ordre.
Le metteur en scène Dominic Cooke (à qui nous devons la récente reprise de Follies au National Theatre) a employé les grands moyens pour offrir un spectacle inoubliable. Il retrouve pour la circonstance Imelda Staunton, une Dolly n’ayant peut-être pas le panache de certaines de ses devancières, mais qui fait preuve ici d’un grand professionnalisme. Son jeu est parfait, sa voix juste ; elle nous convainc complètement par cette prise de rôle.
Face à elle, le bourru Horace d’Andy Nyman séduira la belle Irene Molloy incarnée par Jenna Russell ; ces vedettes aguerries de la scène et de la télévision font mouche toutes les deux.
Une mention spéciale revient à Tyrone Huntley en Barnaby, la véritable révélation du show. Sa jeunesse et sa fougue s’avèrent explosives !
Tout aussi sémillant, Harry Hepple (Cornelius) fera la conquête de la jeune Minnie (Emily Lane, remarquée récemment dans Frozen).
Les chorégraphies originales et immédiatement reconnaissables de Gower Champion, fonctionnent toujours aussi bien et n’ont pas pris une ride.
Cette reprise réussie emporte de nouveau un public heureux de découvrir ou de retrouver ce classique de la comédie musicale qui continue d’enchanter plus d’un demi-siècle après le démarrage d’un parcours artistique planétaire.
Philippe Pocidalo
10 juillet 2024
