C’est dans un théâtre complet que s’est joué Gipsy, de Francis Lopez. Quelle bonne idée que de clôturer la saison du Casino Barrière, avec cette opérette tzigane. Certes le livret de M. Dufresne n’est peut-être pas l’un des meilleurs, mais avec quelques petits aménagements d’actualité cela passe bien, d’autant plus que la partition nous permet d’entendre de beaux airs aussi bien pour le ténor que pour la mezzo-soprano.
Cet ouvrage n’est pas très facile à chanter mais on a eu le bonheur d’avoir Jérémy Duffau dans le rôle de Vano, le «tzigane rouge» qu’il rend très crédible ; quelle ampleur de voix aux aigus toujours flamboyants et bien accrochés !
Quant à Caroline Géa, qui sait tout faire et correspond tout à fait au rôle, elle apporte le piquant nécessaire au rôle de Mariana.
Dans le rôle de Liane de Pougy, ce fut un plaisir d’avoir Amélie Robins, la grâce et la délicatesse incarnées, et Laurent Arcaro a été un impérial Rodolf, interprétant « Mayerling » d’une façon magistrale ; l’émotion était palpable et son texte dit avec sensualité et charme.
La partie fantaisie n’était pas en reste, notamment avec le duo Laura Tardino (Flora) et Vincent Alary (Joschka) fonctionnant à merveille, dispensant sans cesse la jeunesse et la fougue. Le nouveau venu Vincent Escure, plus habitué à la comédie musicale, fut une révélation dans le rôle de Conrad, le policier botaniste, tout en finesse et sans vulgarité. Avec son talent habituel, Philippe Ermelier (M. Brenner), toujours jovial et sympathique, fut bien sûr excellent. Frédéric Bang-Rouhet, toujours aussi classe en beau ténébreux, incarna d’abord Strauss puis un Prince de Galles aux cheveux blancs et accent anglais. Pierre Maurel, dans le rôle assez antipathique de Wallensdorf, tira lui aussi son « épingle du jeu ».
Un très grand bravo aux chœurs Mélopée, placés sous la direction d’Annabelle Rougement, tous très investis et souriants. N’oublions pas, sous la direction d’Estelle Danvers, le trio de danseurs très professionnels qui ont ravi le public.
L’Orchestre Mélodia, dirigé de main de maître par Franck Magné, est toujours impeccable, avec ici une mention spéciale pour la violoniste à l’instrument bien présent dans cette opérette.
Le Maître de cérémonie de ce Gipsy, aux décors superbement éclairés et à la mise en scène très appréciée, était Christian Blain. Il ressortait de ce spectacle beaucoup de jeunesse et de bonheur et le public, dont les applaudissements nourris ont récompensé toute la troupe, l’a particulièrement apprécié.
Merci aux Nouveautés Lyriques de programmer des spectacles de cette qualité !
M.G.
17 mars 2024
Fiche technique
Gipsy. Opérette tzigane en 2 actes et 12 tableaux, livret de Claude Dufresne, lyrics de Daniel Ringold, musique de Francis Lopez, airs additionnels d’Anja Lopez. Adaptation musicale de Paul Bonneau. Création : Lille, théâtre Sébastopol, le 18 décembre 1971.
Direction musicale : Frank Magne. Mise en scène : Christian Blain. Chef des Chœurs : Annabelle Rougemont. Costumes : Maison Grout. Décors : TLA Production. Orchestre Mélodia. Chœurs Mélopée de Toulouse. Production TLA.
Avec : Caroline Géa (Mariana), Amélie Robins (Liane de Pougy), Laura Tardino (Flora). Jérémy Duffau (Vano), Vincent Alary (Joschka), Laurent Arcaro (Rodolf), Philippe Ermelier (M. Brenner), Vincent Escure (Conrad), Frédéric Bang-Rouhet ( Johann Strauss et le Prince de Galles), Pierre Maurel (Wallensdorf).
