Festival de la Follembuche

Festival de la Follembuche

du 23 août au 8 septembre 2024

Comme tous les ans, ce festival se tiendra dans diverses communes de l’agglomération de Limoges et en Haute-Vienne : Le Palais sur Vienne – Bosmie-L’Aiguille – Limoges – Le Vigen – Aixe-sur-Vienne.
Vous pourrez y découvrir divers spectacles : Airs de Pique-niquele Récital de Lisa Bensimhon – un conte-opérette : Dinosopérette – un Apéropérérette Surprise – ainsi que deux raretés lyriques : Les Bavards, de Jacques Offenbach et L’Amour mouillé de Louis Varney, plus un Concert Edmond Audran, présentés ci-dessous.

Les Bavards (Offenbach)

Chaque année le Festival inscrit dans son programme un ouvrage qu’il donne en version scénique. Ce sera pour la prochaine session Les Bavards, un opéra-bouffe en deux actes de Jacques Offenbach sur un livret de Charles Nuitter. Créés à Bad Ems, où le compositeur séjourne l’été, sous le titre Bavard et Bavarde en 1862, puis à Vienne, Les Bavards seront repris l’hiver suivant aux Bouffes-Parisiens à Paris dans une version élargie. Dans le rôle de Roland c’est Delphine Ulgade, un travesti, qui remplace Potel, un baryton. Il s’agit d’un ouvrage rarement monté qui bénéficie pourtant d’un livret et d’une musique qui sont comparables aux autres créations de la même période. En 1862-63 on est en gros entre Orphée aux Enfers(1858) et La Belle Hélène (1864). L’intrigue semble venir de Cervantès.
L’histoire met aux prises avec les autorités, Roland, un jeune hidalgo criblé de dettes, et amoureux d’Inès, nièce d’un couple conventionnel, Sarmiento et Béatrix. En recueillant chez lui Roland, Sarmiento pense que le jeune homme dont les dispositions à parler sont étonnantes pourra faire pièce à sa femme, une incorrigible bavarde. Il introduit ainsi chez lui l’amoureux de sa nièce. Lorsque Béatrix, excédée par la verve de son alter-ego, sera mise au courant du subterfuge imaginé par son mari pour la faire taire, elle mettra au point une scène où toute la famille et les autorités opposeront à Sarmiento une sorte de mur du silence qui l’effraiera. En contrepartie du retour à l’ordre, il acceptera le mariage d’Inès avec Roland et épongera les dettes du jeune homme.

 

Bavard 2

Un rythme effréné
La bouffonnerie est produite non seulement par le caractère intraitable de Béatrix, de Sarmiento, de l’alcade et de son aide Torribio, des créanciers, mais surtout par le thème de l’inextinguible bavardage. Ce dernier donne à l’ouvrage une singulière vitesse et un rythme étourdissant. Reynaldo Hahn ne disait-il pas qu’« Offenbach, c’est le rythme » ? Le compositeur a trouvé là un sujet adéquat à ses techniques de composition. La verbosité est dans le texte parlé lorsque Roland se fait remarquer et recruter par Sarmiento ; « Il la fera taire, c’est bien certain » chantent dans la foulée les protagonistes ». Mais la joute oratoire s’étend au chanté de façon encore plus torrentielle ; le quatuor de l’acte II en est la meilleure illustration. Lors de ce numéro de repas, le fait de manger n’interrompt que provisoirement la logorrhée de Roland qui se lance, après une chanson à boire, dans un interminable remerciement créant un effet de rythme à couper le souffle. Cette vitesse contamine aussi le discours de l’alcade, ou encore les alertes couplets des créanciers terminés par leur trépidante clausule : « Quand on doit, il faut payer ». Robert Pourvoyeur établissait une comparaison entre les discours étourdissants de rapidité de l’ouvrage et les patter-song de Gilbert et Sullivan et les jotas aragonaises dans la zarzuela.
Le contraste entre les paroles et le silence qui leur succède est impressionnant et interroge sur les pouvoirs et l’impact du chant.

Offenbach sait pourtant opposer au caquetage d’autres morceaux qui feront tout autant le succès des Bavards: la valse lente sur les paroles : « Ah, la chaleur est accablante » et la chanson à boire qui se haussera au niveau du tube (paradoxalement c’est une note défective qui permet à l’air d’accrocher).
Des autres très bons numéros retenons, entre autres, le duetto « Et maintenant il faut que je vous quitte » où on entend le timbre de l’argent alterner avec l’expression du sentiment amoureux, l’air de Béatrix d’un féminisme revendicateur bien avant l’heure « Ah ! quel métier que d’être femme » ou encore le trio « Taisons-nous ».

Didier Roumilhac

Les Bavards
30 et 31 août à 20h au Centre culturel Jean Gagnant de Limoges
Avec : Alfred Bironien, Fabien Leriche, Christophe Gateau, Dominique Desmons, Lison Ratier, Nathalie Courtioux-Robinier

L’Amour mouillé (Louis Varney)

L’Amour mouillé1 est un opéra-comique en 3 actes de Louis Varney composé sur un livret de Jules Prével et Armand Liorat. L’ouvrage sera donné au Festival en version de concert .

Louis Varney, une carrière bien remplie
Louis Varney (1844-La Nouvelle-Orléans – 1908-Paris) est surtout connu pour Les Mousquetaires au couvent (1880) qui atteignirent les 230 représentations à la création et toujours repris de nos jours. Varney aura composé une quarantaine d’opérettes, son père, Alphonse Varney (1811-1879), compositeur, chef d’orchestre et un temps directeur des Bouffes-Parisiens, lui ayant sans doute mis le pied à l’étrier.
Après Les Mousquetaires au couvent, plusieurs ouvrages vont être favorablement accueillis : Fanfan la Tulipe (1882), Babolin (1884), Les Petits Mousquetaires (1885), L’Amour mouillé (1887) et Dix jours dans les Pyrénées (1887). À partir de 1888, ce sera, pendant une bonne décennie, le creux de la vague (seules La Fille de Fanchon la vielleuse et Miss Robinson tirent leur épingle du jeu). La période de la Belle Époque lui sera plus bénéfique avec notamment La Falotte, en 1896, et Le Papa de Francine, la même année, qui dépassera les 200 représentations.
Varney sera représenté dans presque tous les théâtres d’opérettes de la capitale : Les Bouffes-Parisiens, Les Folies-Dramatiques, Les Nouveautés, mais aussi Les Variétés, La Gaîté, La Renaissance, le théâtre de Cluny, ce dernier rangé dans les établissements de quartier loin de rester inactifs.
Si ses librettistes sont variés, on retrouve néanmoins quelques incontournables tels que Paul Ferrier, Jules Prével, Armand Liorat, William Busnach. À la Belle Époque apparaissent les noms qui comptent dans le monde du théâtre : Maxime Boucheron, Antony Mars, Pierre Decourcelle, Maurice Ordonneau, Paul Gavault, qui ne seront pas forcément symboles de succès. En 1905 Varney jette ses derniers feux ; pour L’Âge d’Or (1905) il s’associe avec Georges Feydeau et Maurice Desvallières.
Peu d’ouvrages seront repris en dehors des Mousquetaires au couvent, Les Petits Mousquetaires et Fanfan la Tulipe

L’Amour mouillé (1887), un opéra-comique à redécouvrir
Il a été créé le 25 janvier 1887 au théâtre des Nouveautés.

Affiche pour L Amour mouille2
L’intrigue

À la fin du XVIe siècle à Tarente. Dans le cadre d’une histoire mythique (sur laquelle on reviendra), Lauretta échappe au mariage que lui impose son tuteur Pampinelli, lieutenant général de police, en se réfugiant dans un couvent où elle retrouve, sous l’habit d’une novice, celui qu’elle aime, Carlo, le prince de Syracuse. Cascarino, le secrétaire de Carlo, de son côté est mis devant le fait que Catarina, la femme de Pampinelli, fut sa maîtresse quand il était étudiant.
Les deux couples parallèles sont à la base d’une dramaturgie fréquente dans l’opérette classique. Pampinelli est doublement l’empêcheur de tourner en rond : parce qu’il veut marier Lauretta à un parti qui ne convient qu’à lui et parce qu’il empêche sa femme de renouer avec Cascarino. Le dénouement qui intervient après de nombreuses péripéties (Lauretta dédouane Carlo qu’elle croit fiancé, Catarina se confie à son mari qu’elle prend pour son ancien amoureux…) est évidemment heureux, mais hautement invraisemblable.
Ce schéma actanciel s’inscrit dans une dramaturgie très originale qui explique le titre de l’ouvrage. L’intrigue est une mise en abyme d’un poème d’Anacréon dans lequel les jeunes femmes d’un village ont jeté dans la mer la statue de l’enfant Amour. Ce dernier, dans la légende, transi et « mouillé » (voilà la clef !) est recueilli, mais il n’en promet pas moins que du malheur à ceux qui s’aiment (chanson de Lauretta « Il pleuvait et le vent soufflait »).
L’opéra-comique conte les affres de l’amour, en faisant correspondre plusieurs épisodes de l’intrigue à la légende (naissance de l’amour, délaissement, souffrance…), mais il se termine par les épreuves heureusement surmontées. « L’amour est le roi du monde », chantent au final les protagonistes.

La partition est particulièrement brillante. Les ensembles sont peu nombreux, les finals pas des plus développés, même si celui de l’acte II contient un air alerte « Un plongeon, un petit plongeon dans la Méditerranée ». La narration n’en est pas moins richement musicale. L’ouvrage fait largement appel aux chœurs, y compris en coulisses. Les rythmes sont variés : une barcarolle, un cantique, une tarentelle, une sérénade, des chansons (de la marchande d’oranges), des valses (celle du colibri) déjà très « Belle Époque ». Un numéro se présente sous la forme de « couplets parlés ». À l’opposé les airs de Lauretta comportent de nombreuses vocalises exigeant la voix adéquate. Le rôle de Carlo, créé par un travesti (Maria Nixau), peut avantageusement être donné à un ténor ou à un baryton léger. L’orchestration enfin ne manque pas de retenir l’attention.

1) Voir Opérette n° 65 et Opérette – Théâtre Musical n° 153.

Didier Roumilhac

L’Amour mouillé
7 septembre 2024 à 20h salle des fêtes de Magnac-Bourg
et 8 septembre 2024 à 16h 30 au Centre Culturel Jacques Prévert à Aixe-sur-Vienne
Avec : Charlotte Bonnet, Jeanne-Marie Lévy, Marine Boustié, Elisabeth Jean, Henri Pauliat, Olivier Montmory, Dominique Desmons, Armand Degher. Au piano : Lola Giry – Ensemble Madrigal (Jean-Christophe Gauthier)

 

Concert Edmond Audran

audranSi Audran, avec Lecocq, Planquette et Varney, fut l’un des compositeurs d’opérettes les plus joués dans le dernier quart du XIXème siècle, comme eux, sa vaste production, essentiellement des opéras-comiques, se limite désormais, à quelques exceptions près, à une seule œuvre, La Mascotte.Son catalogue comprend cependant 36 ouvrages lyriques dont beaucoup de succès et quelques échecs.
Ce concert permettra de lui rendre justice à travers une vingtaine de titres tirés d’ouvrages représentatifs de toute sa production et présentés dans l’ordre chronologique des créations.

Le Grand Mogol Aux Indes, avant la colonisation anglaise, la couronne royale doit revenir au jeune prince Mignapour si son collier de perles reste blanc, Légende contée par la dresseuse de serpents Irma dont le prince s’est épris, enviant, dans une charmante Romance, le reptile enroulé au bras de la jeune fille.

Les Noces d’Olivette Premier succès parisien d’Audran. Au second acte, Valentin a épousé, sous l’apparence de son oncle Mérimac, la jeune Olivette ; un Duo l’oppose à son oncle qui espère bénéficier à son compte de ce contrat de mariage.

La Mascotte, le triomphe d’Audran. Le concert permettra de retrouver deux des tubes de la partition : le Duo des dindons et les Couplets des présages

Gillette de Narbonne sera représentée par la célèbre Chanson provençale et par un air souvent coupé, La Sérénade d’Olivier adressée à Rosita, à la fois convoitée par le jeune prince et le Comte Roger de Lignolles qui s’est vu par ailleurs obligé d’épouser Gillette, une amie d’enfance.

La Cigale et la Fourmi. L’un des ouvrages les plus ambitieux d’Audran dont 5 extraits seront ici donnés : la Valse d’entrée de Thérèse, personnifiant la cigale, puis le Rondeau du souffleur de Vincent au service de Thérèse devenue une cantatrice célèbre, le célèbre duetto Petit Noël réunissant les deux cousines que sont Thérèse et Charlotte, la fourmi, précédant le Quatuor de la dispute mettant en cause la fidélité de Franz dont Thérèse est éprise. Le 5ème extrait, donné en bis en fin de concert, est le Galop du champagne concluant le premier acte.

La Petite Fronde nous conte une conjuration contre le jeune Louis XIV déjouée grâce aux talents de la jeune mariée Georgette Jabotin dont l’entrée en scène est saluée par un joyeux Quintette suivi de Couplets dans lesquels elle veut démontrer ses talents de future mercière. Au 3ème acte, le jeune seigneur Horace, dans une agréable Mélodie, se lamente en croyant compromis son amour pour l’aristocrate Lucile.

 

Mascotte affiche

Miss Helyett est le second triomphe d’Audran ; l’action située dans une station des Pyrénées, met en scène divers clients : les deux amis Bacarel et le peintre Paul dont un dessin coquin les amuse (Duettino de l’album), le toréador Pycardas amoureux de Manuela (Duetto espagnol alignant  des passés simples ridicules), rejoints par la fantasque Señora Fernandez dans le Terzetto bouffe précédant le final du II.

L’oncle Célestin. Clémentine évoque dans ses Couplets d’entrée, la tendresse qu’elle éprouvait pour l’oncle Célestin dont ses parents, les orgueilleux et parvenus Pontaillac sont sur le point d’hériter d’un million ; mais, pour le mériter, ils doivent faire fructifier son auberge pendant six mois, perspective qui les révulse (Quatuor bouffe des Gargottiers).

La Poupée, le dernier grand succès d’Audran. Dans l’atelier de poupées de son père, Alésia, ayant pris la place d’un des automates, essaie de séduire le novice Lancelot (Duo de la séduction). Présentée à son oncle La Chanterelle et à son ami Lorémois, Alésia les subjugue par sa grâce exquise (Trio, la page la plus célèbre de la partition).

Le Puits qui parle, un opéra-comique féerique créé avant La Petite Fronde. Deux seigneurs ruraux voisins ont décidé d’unir la fille de l’un au neveu de l’autre, ce qui ne convient pas aux enfants épris ailleurs. C’est ainsi qu’Eva, et son cousin René se redisent leu amour (Duo et chanson). Les nombreux imbroglios de l’intrigue seront résolus lorsque chaque personnage aura bu l’eau d’un puits miraculeux qui oblige les gens à être honnêtes et bavards (Légende du puits).

Bernard Crétel

Concert Edmond Audran
27 août au Parc du château du Boucheron, mairie de Bosmie-L’Aiguille.
Avec : Delphine Cadet, Isabelle Savigny, Charles Mesrine, Alexandre Nervet-Palma et Nicolas Bercet, accompagnés au piano par Zoé Crozet-Robin.

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.