Henri Christiné (1867-1941)
La création de Phi-Phi a eu lieu le 12 novembre 1918. L’opérette était restée à l’affiche des Bouffes-Parisiens jusqu’en avril 1921, la millième représentation ayant été fêtée le 24 janvier 1921. Le 30 avril de la même année, les Bouffes présentaient La Dame en rose d’Yvan Caryll. Dès le 4 juin, Phi-Phi reprenait sa place sur cette scène. Pour succéder à Christiné, on fit appel à… Christiné. Dédé fut créé le 10 novembre 192I. L’ouvrage bénéficiait d’une distribution éblouissante. Maurice Chevalier était âgé de 33 ans. Avec Dédé, il faisait ses débuts dans l’opérette, débuts prometteurs car, éclatant d’entrain, il emmena le spectacle au succès. De nombreux airs furent bientôt sur toutes les lèvres : « Dans la vie faut pas s’en faire », « Pour bien réussir dans la chaussure », « Je m’donne », « Si j’avais su évidemment »…
Une musique bien française du compositeur Henri Christiné, encore tout auréolé du triomphe de Phi-Phi, adoptant le rythme syncopé, mettant à la mode fox-trot, one-step, un livret d’une indéniable originalité d’Albert Willemetz, une distribution brillante réunissant autour de Maurice Chevalier, Urban, Hemdey, Baron fils, Géo Bury, Maguy Warna, et Alice Cocéa, et vous avez le secret de la réussite de cet ouvrage.
Dédé eut un grand succès, moins affirmé toutefois que celui de Phi-Phi. La première série se termina le 15 juin 1922. Après une nouvelle reprise de Phi-Phi pendant la période estivale, Dédé fit sa réapparition sur la scène des Bouffes le 6 octobre 1922, et ce, jusqu’en mars 1923.
Les reprises des opérettes « légères » de l’entre deux guerres qui fleurissent tant à Paris qu’en province depuis quelques années, sont le signe d’un nouvel intérêt du public pour ce répertoire. On citera l’excellente production de Là-Haut donnée par Jean-Paul Lucet aux Célestins de Lyon (1996/1997) et à Paris (1998), la réussite de Dédé, dans la mise en scène de Jacques Duparc qui a parcouru la province et fait escale salle Favart (1998), le retour d’ouvrages oubliés : Le Bonheur, Mesdames (Odéon de Marseille, 2001) et Yes à Tours et autres villes (2002)
— L’intrigue
L’action se passe à Paris, en 1921, dans le magasin de chaussures à l’enseigne « Le pied meurtri ».
Acte I
André de la Huchette, dit Dédé, jeune noceur, tente de conquérir les faveurs d’Odette, jolie femme qu’il a rencontrée dans un bal. Monsieur Chausson, l’époux d’Odette, a de sérieuses difficultés financières. Son épouse a trouvé habile de faire acheter le magasin de chaussures dont il est propriétaire par son riche soupirant, en lui suggérant que ce serait un lieu de rendez-vous idéal. Dédé, qui ignore les liens unissant Odette à Monsieur Chausson, s’est exécuté de bonne grâce.
Lorsque l’action débute, le magasin est dirigé par Denise, la première, qui est amoureuse de Dédé. Les vendeuses, toutes de jolies filles, sont, le soir, danseuses au Casino de Paris. Enfin, Dédé confie la gérance de sa « drôle de boutique » à son ami Robert Dauvergne qui a joyeusement dilapidé sa fortune.
Voici Odette. C’est la première fois qu’elle vient dans le magasin depuis le changement de propriétaire. Dédé s’empresse amoureusement et tente de lui faire avouer son identité menaçant même de la faire suivre si elle ne veut rien dire. Affolée, la jeune femme prétend être la femme du Préfet de Police. Denise a tout entendu.
Acte II
Ignorant que le Préfet n’est pas marié, Denise, par jalousie, adresse une lettre anonyme à la Préfecture, dans laquelle elle dénonce l’adultère de sa femme. Par ailleurs, le syndicat de la Chaussure ayant déclenché un ordre de grève, une délégation vient demander à Dédé de fermer sa boutique ; mais les petites vendeuses se chargent de distraire les grévistes du but de leur venue. Ces événements, apparemment sans rapport entre eux, sont la source d’une série de quiproquos.
Odette se retrouve seule avec Dédé. Il ne peut profiter de la situation car la jeune femme aperçoit la tête de son mari à travers la vitrine. Elle se cache dans la réserve. Tout le monde se retrouve dans le magasin. En particulier, un commissaire de police qui vient chercher les grévistes. Dédé et ses amis croient qu’il s’agit du Préfet lui-même qui accourt au sujet de sa femme. Pour sauver la situation, Denise apparaît en tenue légère et se fait passer pour la maîtresse de Dédé. Pendant que celui-ci et Robert retiennent l’attention générale, Odette parvient à sortir du magasin sans être remarquée. Le commissaire dévoile alors son identité et indique la raison de sa présence. Dédé n’y comprend plus rien. Mais de qui donc Odette est-elle la femme ?
Acte III
Le dénouement approche. Dédé se rend compte que son bonheur est auprès de Denise. Il lui demande sa main. Le magasin ne lui étant plus d’aucune utilité, il en fait cadeau à Chausson qui n’en espérait pas tant. Robert ne reste pas inactif. Il profite de l’intérêt que porte Dédé à Denise pour s’occuper des charmes d’Odette. Il sait se faire convaincant, et, lorsque la jeune femme apprend la générosité de Dédé, elle propose à son époux de garder Robert comme gérant. Chausson accepte avec enthousiasme.
— La partition
Acte I : Chœur des vendeuses « Ah la drôle de boutique » ; « J’avais tout çà » (Leroydet) ; « Et voilà comme cet excellent jeune homme » (Denise) ; Chœur des vendeuses et entrée de Dédé « Voici des lis », « Dans la vie faut pas s’en faire » (Robert) ; « Elle porte un nom charmant » (Dédé) ; » Tango, lorsque tu nous tiens » (Odette et Dédé) ; Les vendeuses et Robert « Pour bien réussir dans la chaussure » ; « Quelle est cette poule », « C’est la femme du Préfet de Police » et final I
Acte II : « Je m’donne » (Robert) ; « Vingt ans, c’était le bon temps » (Robert, Dédé) ; « Si j’avais su évidemment » (Denise et Robert) ; « Au nom de la Fédération » (les délégués) ; « Le désir, déjà » (Odette et Dédé) ; Ensemble « Quelle drôle de boutique » et final II
Acte III : « Plaisir d’amour » (Odette) ; « De l’amour, O Madame, je connais le programme » (Odette et Robert) ; « Tous les chemins mènent à l’amour » (Denise et Dédé) ; Final III
— Fiche technique
Dédé
Opérette en 3 actes d’Albert Willemetz, musique de Henri Christiné
Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 10 novembre 1921. Avec :
Urban (Dédé), Maurice Chevalier (Robert), Hemdey (Chausson), Baron fils (Leroydet), Géo Bury (le commissaire), Maguy Warna (Odette), Alice Cocéa (Denise).
Éditions Salabert
— Discographie
Intégrales
Marina Hotine, Andrée Grandjean, Maurice Chevalier, Raymond Girerd. Direction musicale, Jacques-Henri Rys.
Decca/ Carrère 67 694 (2 disques) repris en 2CD Universal/Accord 461 961-2 (2CD)
Sélections
Corinne Le Poulain, Béatrice Belthoise, Antoine, James Sparrow. Direction musicale, Jean-Daniel Mercier
RCA 440 760
Marina Hotine, Andrée Grandjean, Maurice Chevalier, Raymond Girerd. Direction musicale, Jacques-Henri Rys.
Decca 100.094 (1V)
Marina Hotine, Andrée Grandjean, Maurice Chevalier, Raymond Girerd. Orch. Jacques-Henri Rys.
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.8 (réédition Decca) (3 CD) (+ Phi-Phi + [Yvain] Là-Haut)
André Urban, Alice Cocéa, Maurice Chevalier, Maguy-Warna.
13 extraits de Dédé (un coffret EPM 982482 4CD « L’opérette française par ses créateurs » comprenant des extraits de 9 opérettes de la période 1921-1934) (34 mn)
— Référence
Vous retrouverez Dédé dans « Opérette » n° 41, 82, 86, 106, 107, 162, 182, 183, 187 & 202. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 27/02/2024