Nous l’avons rencontrée dans les distributions d’Andalousie et de Princesse Czardas. Habituée de ce rendez-vous incontournable avec l’opérette, nous l’avions grandement appréciée, la saison dernière, dans Véronique (Emerance), un des chefs-d’œuvre de Messager.
. Étiez-vous destinée à une carrière artistique ?
Comme mes parents, j’aimais la musique mais, de nature timide, je chantais en douce. Pendant que je suivais des études de secrétariat, une annonce proposant un concours pour intégrer l’école de l’Opéra de Paris attira mon attention. Ce fut un véritable déclic, je savais enfin ce que je voulais faire ! Et tout s’est ensuite enchaîné.
En 1980, je démarre des cours de chant et de solfège avec Jasmine Herbé-Fouan (maman de Michèle) qui me suivra dans ces disciplines durant treize ans. Parallèlement, dès 1981, Jean Giraudeau – à qui je dois beaucoup – me prodigue des cours d’art lyrique à Charenton et guide mes premiers pas sur scène
. D’autres rencontres déterminantes ?
Celle avec Serge Clin, au conservatoire des Hauts-de-Seine, fut capitale car son enseignement dans le domaine de la comédie m’a été des plus précieux. C’est peut-être ce qui manque aujourd’hui à certains artistes : non seulement savoir chanter mais également pouvoir jouer leurs rôles avec conviction.
. Des souvenirs marquants jalonnent, je pense, vos 40 ans de carrière ?
Mon premier grand rôle sur scène, Mi, dans Le Pays du sourire, un de mes ouvrages de cœur. J’interpréterai par la suite très souvent le rôle de Lisa, notamment à Bordeaux avec Alain Vanzo que j’ai eu le bonheur de retrouver lors de la reprise à Lyon de son opérette Pêcheurs d’étoiles.
Autre fait marquant, mes débuts dans la profession avec le rôle-titre de Mlle Nitouche, confié par Nick Varlan (directeur des productions DO FA) qui me fera confiance pendant de nombreuses années et à qui je dois beaucoup.
Mon répertoire va de Lopez à Lehár, en passant par Kalman et Offenbach, et bien d’autres encore tel que Yvain avec le rôle de Gilberte, dans Pas sur la bouche, que m’avait confié Monsieur Chazalet à l’Odéon de Marseille.
Également sollicitée pour des remplace-ments de dernière minute, il m’est arrivé d’être appelée, un samedi soir pour jouer le dimanche La Vie parisienne à Tourcoing, évidemment sans connaître la mise en scène ! C’était assez sportif dans ces années-là…
. Peut-on parler de vos titres de cœur ?
Le Pays du sourire (déjà évoqué), La Veuve joyeuse, Princesse Czardas, et bien évidemment beaucoup d’opérettes de Francis Lopez : Andalousie, La Belle de Cadix, Quatre jours à Paris… sans oublier les grands classiques : La Fille de Madame Angot, les Mousquetaires au couvent, les Cloches de Corneville, la Mascotte…
. L’opéra est également présent dans votre carrière. Alors, divette ou diva ?
Peut-être un croisement des deux…
À Dijon, Pierre Filippi m’a confié, dès le début de ma carrière, mon premier rôle dans Don Carlo, puis j’y ai chanté, parmi d’autres spectacles, Georgette dans Les Dragons de Villars, mis en scène par Fernand Lhuillier.
J’ai par la suite participé à de magnifiques ouvrages tels que La Sainte de Bleeker Street, de Menotti ou, à Calais, L’Opéra D’Aran, de Bécaud. Puis divers emplois dans Carmen (Micaëla, Frasquita), les Pêcheurs de perles, La Traviata… Pour finir, de nombreux rôles de Desclauzas (mère, nourrice et autres duègnes…).
Ces deux genres, opéra et opérette, m’ont comblée.
. Quels autres genres avez-vous abordés ?
La comédie musicale avec le rôle de Mrs Pearce dans My fair Lady. Je me suis aussi beaucoup amusée avec la chanson française et plus particulièrement avec celles de Ray Ventura dans le spectacle endiablé Tout va très bien madame la marquise, monté par Annie Grenier (actuelle directrice artistique du Festival Lyrique de Lamalou) et dirigé par Pierre Camier.
. Votre activité associative semble être toujours aussi trépidante…
En effet, je suis très présente dans diverses associations telles que Pézenas Enchanté, qui organise chaque année au mois d’octobre un festival lyrique, ou Agde Belle Époque, avec qui nous avons monté des spectacles historiques et musicaux comme, 1918 : La Victoire. L’activité associative a toujours occupé une place importante dans mon parcours professionnel et me procure un réel plaisir.
. Cet automne, on vous retrouve dans un de vos rôles fétiches ?
Effectivement, en novembre Philippe Padovani monte Rêve de valse à Tourcoing où j’incarnerai Frédérique.
Propos recueillis par Philippe Pocidalo