Francis Lopez (1916-1995)
C’est pendant la campagne d’Italie (avril 1796-avril 1797), que se déroule l’action de Viva Napoli !. Les libertés prises avec l’Histoire sont légion, mais elles ne choquent pas. Francis Lopez et surtout ses librettistes seront bien moins inspirés lorsqu’il s’agira quelques années plus tard d’adapter en opérette Les Trois Mousquetaires. Le plus difficile dans Viva Napoli ! était de camper un Bonaparte qui ne soit pas ridicule. Rudy Hirigoyen sut s’acquitter de cette tâche difficile comme l’explique Paul Lafaille dans le numéro 368 de « L’Entracte » :
« … il réussit la prouesse de se fabriquer un Bonaparte que ne renierait pas André Castelot : gestes nerveux, débit cassant et sans réplique. Une performance qui marque le créateur d’un rôle qu’il a fait sien…. »
Écrit spécialement pour lui, ce rôle récompensait la carrière de Rudy Hirigoyen, excellent ténor qui, malgré sa belle carrière, est un peu trop resté dans l’ombre de Luis Mariano.
Viva Napoli ! se joua en province et 100 fois dans la capitale. En effet, à Paris, quelques mois après la mort de Henri Varna (1969), Vienne chante et danse terminait sa brillante carrière à Mogador pour céder la place au Marchand de soleil (novembre 1969) interprété par Tino Rossi pendant six mois. C’est après les vacances 1970 que Viva Napoli ! occupa trois mois la scène de Mogador. Rudy Hirigoyen joua très longtemps l’ouvrage sur les scènes de province. D’autres ténors l’interprétèrent également. Aujourd’hui, il est rarement repris.
— L’argument
Acte I
Naples 1796. Les premières victoires de Bonaparte inquiètent les souverains du royaume de Naples. Ils chargent Maria, la camériste de la Reine, de trouver dans le peuple un homme qui, pour 1000 sequins accepterait de supprimer le général français. Maria propose l’affaire à Beppo, un joyeux garçon vivant d’expédients, pas très courageux, coureur de jupons, bien que marié à la belle mais acariâtre Pépina. Le besoin d’argent lui fait accepter la mission. Il convainc Gino, le porteur d’eau, de se joindre à lui. Les deux hommes, qui ont été payés d’avance, décident de faire semblant d’assassiner Bonaparte.
Près du camp français, ils sont rejoints par Pépina, qui croyait son mari parti courir la prétentaine. Nos héros sont arrêtés par une patrouille commandée par le général Berthier et emmenés au camp. À la vue de Gino, Berthier est stupéfait. Le porteur d’eau est le sosie parfait de Bonaparte ! Pour l’heure, il fait avouer aux prisonniers le projet d’assassinat. Il apprend également la signature prochaine d’un traité d’alliance entre le Roi de Naples et les Anglais. Bonaparte décide d’aller incognito à Napoli, en prenant l’identité de Gino, pour tenter de faire échec à ce projet. Il n’a pas de mal à rallier Beppo et sa femme à.sa cause. À Napoli, les trois aventuriers se rendent chez Maria et lui annoncent la mort de Bonaparte. Tout à fait dupe, la jeune fille court annoncer la nouvelle aux souverains.
Une grande réception a lieu au Palais. Le pseudo-Gino est fait comte de Napoli en remerciement de son acte de courage. Beppo et Pépina sont également récompensés. Au cours de la réception, Bonaparte apprend de Nelson l’arrivée de deux navires anglais remplis de trésors, prix de la signature du traité par le Roi de Naples. Le pseudo-Gino décide d’utiliser les partisans napolitains, dont il est devenu le héros, pour couler les navires. Ces événements ont permis à Bonaparte et à Maria de s’apprécier à tel point qu’ils sont rapidement devenus amoureux l’un de l’autre.
Acte II
Bonaparte a réussi. Les navires ont été coulés. Il se réfugie dans la montagne avec ses amis. Il est maintenant temps pour lui de rejoindre son armée. C’est Pépina qui apprendra à Maria la véritable identité de son amoureux. La jeune fille est désespérée, mais ne peut en vouloir à Bonaparte. C’est à Milan que se terminera notre histoire. Maria, dont le frère a été arrêté par les Français vient demander sa grâce à Bonaparte. Cela permettra aux deux jeunes gens de se revoir une dernière fois et, avant de se dire adieu, de se jurer un amour éternel…
— La partition
Acte I : Ouverture ; Chœurs « Le marché de Napoli » ; « Les fleurs de l’Italie » (Maria) ; Chanson « Aqua fresca ! » (Gino) ; Chœur « le bon vin d’Italie » ; « Sur les routes d’Italie » (Gino et Beppo) ; Trio « Scusi la » (Pépina, Beppo, Berthier) ; Chanson « Soldats, je suis content de vous » (Bonaparte) ; Duo « C’est dommage de mourir si jeune » (Beppo, Pépina) ; « Toi, la Marie » (le sergent et les chœurs) ; Chanson « Ma sérénade » (Bonaparte) ; Duo « Ah ! quelle est jolie, la nuit » (Maria, Pépina) ; « La mandoline a du bon » (Beppo) ; Valse de la Reine (la Reine) ; « Aïe, Mamma mia » (Beppo) ; « Morituri Pro Napoli » (les conjurés) ; « Maria » (Bonaparte) ; Ballet napolitain et tarentelle ; « Viva Napoli » (Bonaparte, chœurs) ; Final I
Acte II : Ballet des bergers et des bergères ; « Ah! je ris ! » (Pépina) ; « L’étoile de Napoli » (Bonaparte) ; « C’était toi » (Maria) ; Ballets et divertissements ; « Lamento » (Maria) ; « Les Italiennes » (Beppo, Pépina) ; Duo « Il faut se dire adieu ! » (Bonaparte, Maria) ; Chœur « La marche des drapeaux » ; Final II « Viva Napoli »
— Fiche technique
Viva Napoli !
Opérette en 2 actes et 12 tableaux, dialogues de René Jolivet, lyrics de Francis Lopez et Daniel Ringold, musique de Francis Lopez, airs additionnels d’Anja Lopez. Adaptation musicale : Paul Bonneau.
Création mondiale : Lille, théâtre Sébastopol, le 20 décembre 1969, avec :
Angelina Cristi (Maria Scarletta), Arta Verlen (Pépina), Jacky Selma (la reine Caroline), Rudy Hirigoyen (Bonaparte/Gino), Henri Genès (Beppo), Edgar Duvivier (Berthier), Jean-Claude Delhumeau (Mario), Fernand Kindt (Ferdinand 1°), Gérard Fouchard (Nelson). Direction musicale, Alexandre Vanderdonckt et Paul Woestyn.
Création parisienne: Théâtre Henri Varna-Mogador, le 4 septembre 1970, avec :
Angelina Cristi (Maria Scarletta), Arta Verlen (Pépina), Janine Callens (la reine Caroline), Rudy Hirigoyen (Bonaparte/Gino), Jean-Louis Bleze (Beppo), Jean-Claude Barbier (Général Berthier), Henri Regard (Nelson, le conspirateur), Pierre Gualdi (le roi, l’aubergiste), Patrick Ponzio (Mario). Direction musicale, André Martial
Éditions Chappell
— Discographie
Sélections
Rudy Hirigoyen, Luc Barney, Nicole Broissin, Eliane Varon. Direction musicale, Paul Bonneau
Philips vinyl 30cm 6521010
Quatre airs chantés par Henri Genès, Arta Verlen et Angelina Cristi. Direction musicale, Alexandre Vanderdonckt
EPN 1045 vinyl 45T
— Références
Vous retrouverez Viva Napoli ! dans « Opérette » n° 95, 101, 157 &, 171. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 14/03/2024