Né à Biarritz le 10 septembre 1912, le jeune André s’intéresse très tôt au sport mais ses parents n’ayant guère les moyens de lui faire suivre de longues études, il entre tôt dans la vie active. Pour obéir à son père, il suit un stage d’hôtellerie et commence à exercer, d’abord à Londres puis, revenu au pays, à San Sebastian. Mais le démon du sport le tient bien et nous le retrouvons à Bordeaux à l’Institut d’Éducation Physique puis à Paris où il obtient son diplôme de masseur, métier qu’il exercera au service de l’équipe de France aux Jeux Olympiques Universitaires mondiaux de 1937. Et, bien entendu, il pratique alors, avec le même bonheur rugby et pelote basque.
Mais le chant ? À Bordeaux, notre jeune basque s’était inscrit au Conservatoire de la Ville. Titulaire d’un premier prix de chant, d’opérette et d’opéra-comique, il tente sa chance à Paris dans quelques crochets radiophoniques, alors très prisés. Pasquali le remarque et lui offre un rôle dans Princesse de Cirque de Kalman que la Gaîté-Lyrique se propose de monter. Le jeune André juge le cachet trop modeste et ne donne pas suite. Pasquali encore, qui s’est pris d’amitié pour le jeune chanteur, lui conseille d’auditionner pour Ray Ventura dont l’orchestre de « collégiens » est fort à la mode. Affaire conclue, Dassary travaille avec Ray Ventura jusqu’en 1939.
Pendant la guerre, libéré de captivité, André Dassary crée sa première opérette, L’Auberge qui Chante (1941) bientôt suivie, l’année suivante, par Valses de France au Châtelet. L’Ingénue de Londres (Ambigu, 1946) s’assure, grâce au ténor, une carrière honorable mais son plus grand succès sera et restera Chanson Gitane, musique de Maurice Yvain, créée à la Gaîté-Lyrique le 13 décembre 1946 ; l’ouvrage fera la joie de millions de spectateurs en France et à l’étranger.
Le 29 octobre 1949, Symphonie Portugaise (Gaîté-Lyrique) permet une fois encore à André Dassary de faire apprécier ses belles qualités vocales. Puis, les galas, les émissions de variétés à la radio, les tournées dans les théâtres d’opérettes précèdent sa rentrée parisienne, au Châtelet cette fois : La Toison d’Or de Lopez où il partage la vedette avec Colette Riedinger est un beau succès (1954). Quatre ans plus tard, il est à l’affiche dans ce même théâtre pour Rose de Noël, une opérette fabriquée à partir d’airs inédits de Lehár. Après Rose de Noël, Dassary poursuit sa carrière surtout en province où il interprète ses grands succès et où il créera encore Sauté aux Prunes.
Il ne faut pas ignorer la belle carrière d’André Dassary dans le domaine de la chanson, qu’il mena de pair avec ses activités de ténor d’opérette. Au cinéma, il a été l’interprète de Feux de Joie, Tourbillon de Paris, Paris chante toujours et Le Mariage de Ramuntcho. Dans le domaine discographique, il a enregistré de nombreux disques de chansons et d’opérettes, la plupart de celles qu’il a créées mais également Frasquita, Méditerranée, Le Pays du Sourire, Violettes Impériales, La Veuve Joyeuse…
La soixantaine venue, André Dassary se fait progressivement plus rare sur les scènes d’opérette, mais continue un temps à se produire à la radio, à la télévision ou dans des galas. Puis la fatigue se faisant de plus en plus sentir, il se retira dans son pays natal. Il devait disparaître dans les premiers jours de juillet 1987
Terminons en citant ce jugement d’un journaliste (L’Entracte, 1971) :
« Quant à Dassary, c’est Dassary : gai, charmeur, enjoué, ensorceleur… jouant de sa voix comme d’un instrument, tour à tour aimable, aguichant, énamouré, transparent, mais pouvant atteindre une riche intensité dramatique. »
Jean-Claude Fournier
— Références
Vous retrouverez André Dassary dans « Opérette » n° 38, 65, 86, 95, 117 & 126. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification : 24/02/2024