Ce spectacle musical comportant peu de dialogues parlés, s’appuie sur une partition basée sur le slam et quelques morceaux plus pop. Il a nécessité pas moins de trois années de préparation, nous confie humblement Dove Attia, instigateur de cette fresque dédiée à Molière que nous avons enfin découverte au Dôme de Paris.
De grands moyens techniques ont été déployés pour illustrer le destin de ce génie du théâtre classique, bien connu de tous. On peut le qualifier de « première superstar de l’histoire de France », par son côté avant-gardiste, visionnaire, voire provocateur et résolument indémodable. Dove Attia casse réellement les codes, en confiant à Ladislas Chollat la mise en scène du show qui se veut à la fois fidèle et insolent, dépeignant un Molière peu conventionnel, toujours en quête de nouvelles aventures et dont la vie agitée et périlleuse jusqu’au bout nous le prouve sans conteste.
La chorégraphie assez époustouflante et décalée de Romain R.B – en mode RnB Dance – demeure un des atouts majeurs du spectacle. Nous l’avions découvert à Mogador dans le Bal des vampires, puis au Châtelet dans Singin’in the rain et dans 42nd Street.
La création de Stories (voici deux ans) représentera une consécration pour lui : étant à la fois metteur en scène, chorégraphe et compositeur, il récoltera de chaleureux éloges, tant critiques que publics. La succession de tableaux colorés défilant à un rythme effréné nous permet à peine d’admirer les somptueux costumes de Jean-Daniel Vuillermoz qui se surpasse une fois de plus.
Le rôle-titre revient au jeune Québécois Petitom, agile et malicieux, qui séduit par sa présence physique et vocale ;.la France découvre en lui un artiste à suivre sans aucun doute. La rappeuse Morgan (Madeleine Béjart), encore un peu hésitante dans les parties théâtrales, s’impose néanmoins en chant et nous séduit.
L’émission télévisée The Voice porte ses fruits ; en effet Abi Bernardoth et Lou se voient confier deux rôles de premier plan, en l’occurrence celui du Prince de Conti et celui d’Armande Béjart sans oublier Vike (Louis Béjart) qui nous charme par son charisme indiscutable.
La belle Shaïna Pronzola (Marquise) exécute un solo remarqué et se positionne en révélation majeure de ce Molière plus que décoiffant !
Nous gardons pour la fin la prestation plus que remarquée de David Alexis en Jean Poquelin, toujours impeccable et juste dans ses interprétations. Il enchante le monde musical depuis de nombreuses saisons, en nous proposant des spectacles comme Cabaret, Priscilla ou Avenue Q, sans oublier les spectacles d’Alain Sachs autour d’Offenbach.
Si les airs sont plaisants avec toutefois une impression de déjà entendu, il ne faut pas bouder notre plaisir !
Vous l’avez compris, Molière est un vrai grand spectacle populaire et familial, dans la lignée du Roi Soleil ou de Mozart que Dove Attia nous avait offert il y a quelques saisons.
Il est certain que Molière tiendra longtemps l’affiche et une grande tournée s’ouvre pour cette troupe dynamique qui enflammera les zéniths de France et de Navarre dès 2024 !
Philippe Pocidalo
16 novembre 2023