Ce succès planétaire de Mamma Mia !, conçu autour des tubes du groupe Abba, enchante les scènes du monde entier depuis sa création à Londres en 1999. La revoici à Paris dans une version française qui fit déjà l’objet d’une série de représentations en 2010 à Mogador. Il est à noter qu’entre temps une tournée internationale avait par deux fois (en 2005 et 2008) fait escale au Palais des Congrès en version originale sous-titrée en français.
Une adaptation cinématographique avait vu le jour en 2008 avec en vedette Meryl Streep dans le rôle de Donna, entourée entre autres par Pierce Brosnan et Colin Firth. Le succès fut tel qu’une suite arriva sur les écrans dix ans après, intitulée Mamma Mia 2 Here we go Again, cette fois sans le personnage de la mère (Donna).
On se souvient de l’intrigue qui sert si habilement les chansons que chacun a gardées en tête. Sophie (Maélie Zaffran), future mariée, se lance à la recherche de son père biologique avant le grand jour, sauf qu’elle n’est pas certaine de savoir de qui il s’agit ! Ayant pu accéder au journal intime de sa mère (Gaëlle Gauthier), elle repère trois candidats potentiels parmi les anciens partenaires de cette dernière. Pour en avoir le cœur net, elle les convie tous les trois à la cérémonie et essaye tant bien que mal de les cacher dès leur arrivée sur l’île. De même, les deux anciennes copines assez farfelues de Donna (Christine Bonnard et Marion Posta) débarquent elles aussi pour assister à ce mariage qui promet d’être mouvementé !
Tout finit bien, évidemment, avec des rebondissements dignes des meilleurs vaudevilles, dans un final explosif plein de couleurs et de rythmes endiablés.
Le spectacle se révèle particulièrement réussi de par sa construction : humour mêlé d’une pointe de nostalgie, dialogues percutants amenant fort habilement une chanson, chaque personnage est doté une épaisseur qui permet de dévoiler les talents de chacun ou de chacune, de façon homogène sans aucun déséquilibre entre les divers rôles.
Celui de Donna, la mère, est interprété par Gaëlle Gauthier (qui incarnait Sophie, sa fille, en 2010 !). Pétillante, pleine d’entrain, elle conduit le show avec élégance, partageant l’affiche en alternance avec Léovanie Raud.
Maélie Zaffran apporte sa fraîcheur et son tempérament déjà bien affirmé au personnage de Sophie, entourée par les deux amies de Donna, invitées surprise à la fête.
Marion Posta, la redoutable cougar Tanya, faisait elle aussi partie de la distribution et dans le même emploi en 2010 à Mogador, avec le panache qu’on lui connaît.
Christine Bonnard, (toute auréolée du trophée de la meilleure interprète féminine la saison passée) nous offre, en la rigolote Rosie, une fois encore toutes les facettes de son talent éclectique, tant en chant qu’en comédie.
Les trois pères potentiels, de styles opposés, nous amusent par leurs facéties et par leurs stratagèmes déployés pour faire valoir leur prétention de véritable géniteur ; ce sont : Fabian Richard (figure incontournable et admirée du monde musical, Comédiens, 31, Virginie et Paul), compose un émouvant Sam ; Hervé Lewandowski (que l’on retrouve un an après le succès des Producteurs) nous réserve, en Henri, une surprise de taille à la fin du spectacle, tandis qu’Emmanuel Quatra (le flegmatique Paul) trouve lui aussi chaussure à son pied à l’issue de ce musical survitaminé !
N’oublions pas le jeune Guillaume Pevée, Sky, le charmant fiancé de Sophie, qui, après des débuts remarqués dans Les mystérieuses cités d’or, trouve ici un rôle solide qui le propulsera certainement au rang des artistes recherchés parmi la génération montante dans l’univers du musical.
Saluons également la troupe endiablée de jeunes chanteurs et danseurs, filles et garçons, qui les entourent en parfaite symbiose, tous dotés d’un dynamisme sans faille.
La production originale que nous redécouvrons aujourd’hui n’a pas pris une ride et va enchanter une nouvelle génération de spectateurs. Les tubes d’Abba sont désormais immortels ce dont nous ne nous plaindrons pas !
Philippe Pocidalo
8 novembre 2023
