La Salle Favart célèbre en ce mois de décembre un double événement : la création de la nouvelle mise en scène de l’opéra de Jean-Philippe Rameau, Les Fêtes d’Hébé, ainsi que le quatre vingtième anniversaire de Sir William Christie qui dirige l’ouvrage avec le chœur et l’orchestre des Arts Florissants.
Créé le 21 mai 1739, Les Fêtes d’Hébé, un opéra-ballet constitué d’un prologue et de trois entrées se voit sérieusement remis au goût du jour par Robert Carsen, déjà complice de nombreuses collaborations artistiques avec William Christie. Nous pouvons citer parmi ces dernières, Platée, ainsi que Les Fêtes Vénitiennes (données à l’Opéra-Comique) qui firent grand effet.
Aujourd’hui, le pari lancé par nos deux maîtres n’était pas gagné d’avance. En effet, le livret de l’ouvrage peu construit, n’existant que par une succession de tableaux à grand spectacle, avait rebuté plus d’un metteur en scène depuis sa création.
L’argument se résume ainsi : Hébé, déesse de la jeunesse, a été chassée de l’Olympe. Les dieux Momus et Amour, accompagnés de ses Grâces, la convainc de s’établir sur les rives de la Seine afin de célébrer la jeunesse et les plaisirs. Les muses auront la redoutable tâche d’organiser trois fêtes qui célébreront successivement la poésie,la musique et la danse .
Robert Carsen ne manque jamais d’idées. Ses mises en scène le prouvent et ne déçoivent jamais, autant dans le domaine de l’opéra que dans celui de la comédie musicale. Quelle aubaine pour lui, après une année qui a célébré avec fastes les beautés de la capitale !
Nous nous retrouverons, après une garden party dans la cour de l’Élysée (en compagnie du Président), à Paris plage, puis sur un stade où un match de foot sera l’occasion de nous offrir un superbe ballet, enfin en croisière sur les bateaux mouches avec le clou d’un feu d’artifice spectaculaire. Et nous n’oublions pas la guinguette hard disco où la tenue cuir semble être le dress code obligatoire !
On s’amuse beaucoup avec ces personnages pittoresques comme dans une des meilleures comédies burlesques de Blake Edwards. Le plateau musical s’avère de premier ordre : les interprètes sont des habitués des Arts Florissants et connaissent la rigueur imposée par le Maestro. Emmanuelle de Negri, Lea Desandre, Marc Mauillon, Ana Vieira Leite, Lisandro Abadie, Cyril Auvity… difficile de citer tous ces talentueux artistes… à qui on exige beaucoup !
Mise en scène nous le redisons au cordeau.
La musique et la danse sont bel et bien à un niveau d’excellence qui fait passer en douceur l’extrême minceur de l’ouvrage.
Philippe Pocidalo
11 décembre 2024
Les Fêtes d’Hébé, (Rameau)
Direction musicale : William Christie – Mise en scène : Robert Carsen – Décors et Costumes : Gideon Davey – Lumières : Robert Carsen et Peter van Praet – Chorégraphie : Nicolas Paul
Distribution :
Emmanuelle de Negri (Hébé / La Naïade) – Lea Desandre (Sappho / Iphise / Eglé) – Ana Vieira Leite (L’Amour / Le Ruisseau / Une Bergère)
Marc Mauillon (Momus / Mercure) – Renato Dolcini (Hymas / Tyrtée) – Cyril Auvity (Le Ruisseau / Lycurgue) – Lisandro Abadie (Eurilas / Alcée) – Antonin Rondepierre (Thélème) – Matthieu Walendzik (Le Fleuve)
Chœur et Orchestre Les Arts Florissants