Le metteur en scène Pascal Neyron poursuit son exploration parmi les nombreuses œuvres musicales que Maurice Yvain nous a laissées. Il nous avait proposé une version de cette opérette, au Théâtre Trévise en 2017, déjà en collaboration artistique avec Christophe Mirambeau. Après Là-Haut ! présenté sur la même scène en 2021, c’est au tour de Gosse de riche – vaudeville musical datant de 1924 – de refaire surface.
La pièce se veut cinglante et décapante, raillant allégrement la vie des petits bourgeois des années 20. Résolument moderne grâce au renouvellement des sujets abordés, la facture musicale l’est tout autant par l’apport des airs Jazzy – tout droit venus des États-Unis. L’opérette moribonde du 19e siècle fait place à une forme nouvelle, fortement influencée par les chansons des revues du Casino de Paris qui vont révolutionner le genre. On retrouve l’esprit coquin et libertin (déjà dépeint en 1918 avec Phi-Phi), marque de fabrique d’un certain humour à la française, cynique et rempli de sous-entendus à double sens dont les spectateurs de l’époque semblaient friands.
L’argument en quelques mots :
Un peintre célèbre entretient une relation adultérine avec une jeune femme, elle-même déjà la maîtresse d’un nouveau riche, dont il fait le portrait. Celui-ci, convié avec sa femme à passer un séjour dans la villa d’une extravagante baronne (complice de l’affaire) imagine un stratagème pour garder auprès de lui sa belle. Il va pour l’occasion lui offrir un mari de location, avec qui elle sera invitée afin de sauver la face. L’arrivée – en sus – de sa fille va compliquer encore un peu plus le séjour, qui s’avérera de plus en plus périlleux.
Le spectacle est mené tambour battant par sept interprètes qui ne nous laisseront pas respirer une seconde !
Tout d’abord la baronne (Marie Lenormand), dont la truculence nous est familière, se révèle à la hauteur de la loufoquerie qu’impose le rôle. Son joli velouté de mezzo fait mouche comme toujours.
Face à elle, le couple Patarin (Lara Neumann et Philippe Brocard), affublé de leur fille (Amélie Tatti), ne détonne pas et forme une joyeuse famille bien déjantée.
Julie Mossay (Nane), Aurélien Gasse (André Sartène) et Charles Mesrine (Léon) complètent une distribution soigneusement choisie.
Ils évoluent dans une scénographie simple, colorée mais efficace ; leurs costumes – souvent transparents – accentuent le côté frivole et parfois grotesque, voulu par les auteurs, qui se rient bien de ces bourgeois pitoyables.
Les Frivolités Parisiennes, plus que jamais dans leur élément, nous ont une fois encore fait passer un délicieux moment !
Philippe Pocidalo
12 mars 2024
Fiche technique
Musique : Maurice Yvain. Livret : Jacques Bousquet, Henri Falk. Mise en scène : Pascal Neyron. Production Les Frivolités Parisiennes. Collaboratrice artistique : Elisabeth de Ereno. Conseiller artistique : Christophe Mirambeau. Chef de chant : Étienne Jacquet. Chorégraphe : Aure Wachter. Costumes : Sabine Schlemmer.
Production musicale menée sans chef d’orchestre.
Avec Amélie Tatti (Colette Patarin), Philippe Brocard (Achille Patarin), Lara Neumann (Suzanne Patarin), Marie Lenormand (Baronne Skatinkolowitz), Julie Mossay (Nane), Aurélien Gasse (André Sartène), Charles Mesrine (Léon Mézaize).
