Ce festival, créé en 2017 par Dominique Desmons pour promouvoir le théâtre musical sous toutes ses formes, avec les temps forts placés sur l’opéra-comique ou l’opérette, est proposé à Limoges et dans les communes environnantes. Cette année, il se déroulait du 23 août au 8 septembre et proposait sept spectacles.
L’une des premières manifestations, un concert, rendait hommage au compositeur Edmond Audran, l’un des maîtres, du genre du dernier tiers du XIXe siècle. Il a permis d’entendre de bien jolies pages, d’ouvrages aujourd’hui, pour la plupart inconnus.
Accompagnés avec talent par Zoé Crozet-Robin au piano, cinq artistes lyriques, les sopranos Isabelle Savigny et Delphine Cadet, les ténors Charles Mesrine et Alexandre Nervet-Palma ainsi que le baryton Nicolas Bercet, se sont produits sur le perron du château-mairie de la ville de Bosmie-l’Aiguille, au sud de Limoges.
Le répertoire, concocté par le musicologue Nicolas Bercet nous a fait (re)découvrir plus de vingt extraits caractéristiques du style Audran, alternant pages sentimentales, élégantes, humoristiques ou des plus enjouées, sous forme d’airs, de duos, trios, quatuors ou ensembles.
– De La Mascotte, dont la plupart des morceaux sont restés célèbres, nous avons entendu « Les couplets des présages », chantés par Nicolas Bercet qui donna également la réplique à Delphine Cadet pour le célébrissime « Duo des dindons et des moutons » dont la fantaisie-naïve voulue est aujourd’hui mal perçue, contribuant à rejeter son compositeur dans l’ombre et occultant la valeur de ses autres ouvrages. Parmi ceux-ci, certains ont également connu un grand succès qui s’est maintenu jusqu’à un passé récent ; citons :
– Le Grand Mogol dont Isabelle Savigny et Alexandre Nervet-Palma ont détaillé le charme de « La légende du collier » et « La romance du petit serpent »
– Gillette de Narbonne, avec sa tourbillonnante « Chanson provençale » chantée par Delphine Cadet et la plus rare « Sérénade » du prince Olivier détaillée avec élégance par Alexandre Nervet-Palma.
– Miss Helyett, et son très réussi « Duetto de l’album » distillé avec délectation par Nicolas Bercet et Alexandre Nervet-Palma, encadré par le loufoque « Duetto espagnol » et le terzetto bouffe chanté par l’ensemble des artistes, certains faisant chorus.
– La Cigale et la Fourmi, ouvrage plus ambitieux, était ici représenté par cinq extraits dont le ravissant « Petit Noël » réunissant les deux sopranos, et le galop concluant le premier acte mais aussi ce récital.
– La Poupée, le dernier grand succès d’Audran, permit à Isabelle Savigny de briller dans les deux principaux air de l’héroïne, « Je t’’aime, je t’adore » chanté avec Charles Mesrine, et le célèbre trio centré sur le motif valsé « Elle est exquise, exquise… »
Ce concert a également permis de découvrir d’autres pages des plus charmantes d’opéras-comiques aujourd’hui bien oubliés, conne Les Noces d’Olivette avec son jubilatoire « Duo des deux maris », La Petite Fronde avec un quintette et l’élégante mélodie du ténor, L’Oncle Célestin dont nous retenons le quatuor bouffe des « Gargottiers », et Le Puits qui parle faisant revire un tendre duo et une « Légende du puits » dans laquelle il est fortement déconseillé de boire de l’eau !
Pour plus de détails sur les morceaux chantés voir la dernière partie de notre article de la Présentation du Festival.
Un grand merci à ces artistes pour leur engagement dans ce concert donné une seule fois et pour la belle interprétation de morceaux qu’ils n’auront sans doute plus l’occasion de chanter. Saluons également, au-delà d’un simple récital, leur talent de comédiens pour donner vie, de par les mimiques expressives, à des personnages ressuscités l’espace de quelques minutes .
Bernard Crétel
27 août 2024
Signalons ici, à l’automne prochain, la publication en librairies d’une biographie détaillée d’Edmond Audran, intitulée « Aux mascottes il faut croire » (Ed. Delatour France) due à l’auteur de cet article.